Le sport scolaire de l'école publique dans les Pyrénées Orientales

Challenge

Louis torcatis

Pendant de nombreuses années, l’UFOLEP a organisé le challenge Torcatis qui permettait de perpétuer le souvenir de Louis Torcatis,  ancien instituteur et grand résistant français.

L’USEP a repris le flambeau et continuer à faire vivre le challenge Torcatis dans le milieu scolaire.

Le challenge Torcatis est une rencontre USEP rugby au cours de laquelle les classes exposent leurs travaux retraçant les grandes lignes de la vie de Louis Torcatis et/ou présentent une production liée au thème: exposé, dessin d’épisodes marquants, récit imaginaire de la vie de Belloc… 

Louis Torcatis est né le 25 mars 1904 à Tautavel. Enfant, il fréquente l’école primaire de Pia.

Subjugué par le violon de l’un de ses camarades de classe, il conserve une partie de l’argent gagné aux vendanges afin d’acheter un instrument. Il apprend tout seul à en jouer et devient un instrumentiste reconnu.  Il n’osa jamais avouer qu’il avait appris à jouer seul du violon et expliqua que c’était son père qui le lui avait appris.

Pendant les années 1920-1923 Louis Torcatis commence à pratiquer l’athlétisme (course à pied) et surtout le rugby. Il devient un joueur de l’USP (Union sportive perpignanaise), un club qui donnera plus tard naissance à l’USAP, en 1933. Il joue trois-quart-aile de l’USP sous la houlette de Gilbert Brutus.


Il se marie le 23 février 1925 à Pia (Pyrénées-Orientales) avec Jeanne Balent, fille d’un agriculteur. Le couple a deux enfants :  Guy, né à Pia le 25 mai 1926 et décédé le 3 août 2013 et René né le 14 septembre 1931 (qui fit une carrière de professeur d’éducation physique et sportive au lycée François-Arago de Perpignan)
Pendant son voyage de noces à Paris, il passe un examen de compositeur de musique.

Un musicien talenteux...

En octobre 1926, il est nommé à Montalba-le-Château, village proche d’Ille-sur-Têt. Là, il introduit des nouveautés pédagogiques : radio et cinéma, tout en développant des bibliothèques scolaires et postscolaires. Il organise des projections de films et des soirées « populaires » avec des récitals de chant et de musique. Il entreprend aussi des démarches afin de permettre la construction d’une nouvelle école.

À la rentrée scolaire de 1928, il est muté à Codalet, commune très proche de Prades. Il introduit la TSF et le cinéma à l’école. Comme à Montalba, il met en place un cours d’adultes et des soirées populaires.

À la rentrée scolaire de 1931, il se retrouve muté à Pia, le village où il avait passé le plus clair de son enfance et toute son adolescence.

Torcatis fut l’un des pionniers de l’École moderne dans les Pyrénées-Orientales. Il publia un Recueil de chansons pour l’École gaie et réalisa plusieurs disques de chansons.

Amateur de musique classique, de jazz et des musiques traditionnelles catalanes, Louis Torcatis s’efforce toujours de mettre en pratique cette passion dans ses activités. Il reprend en main un orchestre local, l’”Harmonie de Pia “. Le dirigeant et jouant le violon, il lui insuffle une nouvelle vie, le transformant en formation de grande qualité qui obtient des prix.

violon

Sa vie de militaire et de résistant

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il est affecté au 3e RIC. Le 9 juin 1940, il participe à son premier combat dans la forêt de Dieulet en Meuse. Il se distingue dans un affrontement très dur avec les Allemands. Torcatis prend le commandement de sa compagnie, après la mort de leur Capitaine. Il dirige une contre-attaque mais se fait capturer après avoir perdu 181 hommes.

Avec les autres prisonniers, ils sont embarqués vers le 20 août 1940 dans un train à destination de l’Allemagne. Il décide alors de tenter une évasion. Après avoir découpé une trappe dans le plancher du wagon, Louis Torcatis profite d’un ralentissement pour se laisser tomber sur la voie et s’en sort sans blessures. Ayant réussi à se procurer des vêtements civils et un vélo, Louis parcourt 200 km jusqu’à Arpenans où ses anciens logeurs l’aident à le faire passer en zone libre. Il arriva ainsi à Lyon sur la locomotive d’un train. De Lyon, il rejoint Perpignan puis Pia où il arrive le 23 août. Le 29 août, il est officiellement démobilisé.

Son entrée dans la résistance

Redevenu civil, il est affecté à l’école de Passa à la rentrée scolaire de 1940.  
Toujours partisan des méthodes actives, il multiplie les initiatives pédagogiques aussi bien dans sa classe que périscolaires. Les sorties scolaires à but pédagogique furent multipliées, dans l’environnement immédiat de Passa, mais aussi à plus longue distance, comme un voyage en Cerdagne en juin 1942 ou comme le déplacement de sa classe à vélo jusqu’à Collioure, à 35 km de Passa. Peu de temps après avoir été installé dans son nouveau poste, il forma un orchestre et une chorale scolaires. Il monta des spectacles interprétés par les écoliers mais aussi par d’autres villageois, lorsque l’objectif fut d’aider les prisonniers de guerre. À la fin de 1941, il anime à l‘école des séances de cinéma ouvertes à la population toujours dans le but de venir en aide aux prisonniers.

Fervent Républicain, adepte des principes démocratiques, il ne peut plus supporter sans réagir, la main mise sur notre pays par les troupes d’occupation allemandes et la politique de collaboration du Gouvernement de Vichy. Il entre dans la Résistance dès qu’il en a la possibilité dans le mouvement « Libération ».

 Début 1943, il organise et commande dans notre département, l’armée secrète (A.S.). Pour ses camarades de combat, il devient « TORREILLES », ce sera son nom de guerre dans les P.O. Malheureusement, il est dénoncé et le 23 mai 1943, la Gestapo vient l’arrêter à Saint-Estève où il était enseignant. Prévenu à temps, il réussit à s’enfuir, tandis que sa femme et ses enfants échappent à la surveillance des Allemands et réussissent à le rejoindre ; mais il est « grillé » dans le département.

Par prudence et pour plus d’efficacité, comme cela se faisait en ces temps difficiles, la Résistance l’affecte dans l’Aveyron. Sous le nom de « BOULOC » il est chargé d’organiser les Corps Francs dans 8 départements. Sans argent, dans une région où il est connu et recherché par la Gestapo, il met en place, en quelques semaines, une organisation parfaite constituée d’une petite équipe de jeunes entraînés, disciplinés, dont le rôle sera :

 

 

 

 1- Le sabotage des pylônes électriques d’usines travaillant pour l’occupant et du transport des produits destinés soit à l’armée, soit à l’industrie allemande.

2- Les expéditions punitives contre Ies policiers et miliciens au service de la Gestapo. Ses hommes éprouvaient pour lui un mélange extraordinaire d’affection et de dévouement, d’admiration et de familiarité, une véritable vénération comme seul peut susciter un authentique tempérament de chef. Mais la police de Vichy, grâce à un indicateur, retrouve sa trace. L’intendant Marty, sinistre collaborateur Français de la Gestapo est le chef de cette section toulousaine. Il lui tend un piège. Arrêté le 18 mai 1944, soit 20 jours à peine avant le Débarquement de Normandie, les menottes aux poignets, il réussit à s’enfuir. Les policiers tirent sur lui, l’atteignent de plusieurs balles.

Dans un dernier effort, il continue à courir et ses tireurs pensant l’avoir raté, renoncent. Grièvement blessé, il se traîne jusqu’à une maison proche d’où il prévient ses amis. Emmené aussitôt dans une clinique, il y meurt dans la nuit. Ses derniers mots furent « C’était un traquenard. Résistez, vengez-moi, vive la France ». Quelques jours avant, TORCATIS disait :

« Il faut que par votre action, le monde sache que la France n’est pas une Nation de second plan, que son peuple, malgré Vichy, n’est pas un peuple d’esclaves. Pour cela, il faut que notre action soit suffisamment efficace pour compenser la faiblesse de nos troupes sur les fronts directs du combat, pour que nous soyons parmi les vainqueurs et non parmi les délivrés. Pour notre part, nous, les groupes Francs, nous sommes placés à la pointe du combat ». A Carmaux, une stèle perpétue le souvenir de son sacrifice. A Perpignan, Place Catalogne, un monument nous rappelle qui fut Louis Torcatis. La Nation lui a également témoigné sa reconnaissance. Le Général de Gaulle l’a fait Compagnon de la Libération à titre posthume, Chevalier de la Légion d’Honneur, Médaille de la Résistance, Croix de Guerre.